Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/162

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digue en construction pour faire la nique à Dearsley, Dès que Jock sera descendu de garde j’irai là-bas voir s’il est sain et sauf… pas Mulvaney, mais l’autre. Par mes saints patrons, je le plains s’il aide Terence Mulvaney à sortir du palanquin une fois bien saoul !

— Il reviendra, dis-je.

— Pour sûr. Mais s’agit de savoir ce qu’il aura fait en route. Tué Dearsley, peut-être bien. Il n’aurait pas dû partir sans Jock ou moi.

Renforcé de Learoyd, Ortheris alla trouver le contremaître de l’équipe de coolies. Dearsley avait encore la tête agrémentée de serviettes, et Mulvaney, ivre ou de sang-froid, n’eût jamais frappé un homme en cet état. Dearsley se défendit avec indignation d’avoir profité de son avantage sur le brave ivrogne.

— J’ai eu mon choix entre vous deux, déclara-t-il à Learoyd, et vous avez obtenu mon palanquin… mais pas avant que j’en eusse tiré mon profit. Pourquoi irais-je vous faire du mal alors que tout est réglé ? Votre ami… saoul comme la truie de David par une nuit de gel… est bien venu ici… et venu à dessein de me faire la nique. Il a passé sa tête par la portière et m’a traité de goujat crucifié. Je l’ai saoulé davantage, et l’ai renvoyé. Mais je ne l’ai pas touché.

À quoi Learoyd, peu apte à reconnaître les symptômes de la sincérité, répondit simplement :

— S’il arrive quelque chose à Mulvaney par votre faute, mon gars, je vous attrape, bosses ou non sur