Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/207

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« — Le thé n’est pas tout à fait assez sucré pour mon goût. Mettez votre petit doigt dans la tasse, Judy, et cela en fera un nectar.

« — Qu’est-ce que c’est qu’un nectar ? qu’elle dit.

« — Quelque chose de très sucré, que je dis.

« Et pour mes péchés je ne pus m’empêcher de la regarder du coin de l’œil comme je le faisais d’habitude avec les femmes.

« — Continuez, caporal, qu’elle me dit. Vous êtes un enjôleur.

« — Sur mon âme je ne le suis pas, que je dis.

« — Alors vous êtes un bel homme cruel, et c’est encore pis, qu’elle dit, en poussant des soupirs et prenant un air contrarié.

« — Vous seule savez ce que vous voulez dire, que je dis.

« — Il vaudrait mieux pour moi ne pas le savoir, qu’elle dit.

« — Nous aurions beaucoup à dire là-dessus tous les deux, que je dis sans réfléchir.

« — Dites ce que vous en pensez, alors, Térence, mon chéri, qu’elle dit ; car je crois parbleu bien que j’en ai dit trop ou pas assez pour une honnête fille.

« Et là-dessus elle me met les bras autour du cou et m’embrasse sur la bouche.

« — Il n’y a plus rien à dire après ça, que je dis, en l’embrassant de retour.

« Oh ! le vil manant que j’étais, avec en moi le souvenir encore tout frais de Dinah Shadd ! Comment se fait-il, monsieur, que quand un homme a