Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/267

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chauve en vessie de saindoux, et même de noms pires, il se figurait que la rébellion et non la boisson était à l’origine de l’esclandre. D’autres gentlemen qui se sont compromis en de plus vastes conspirations ont commis la même erreur.

La saison chaude, en laquelle ils affirmaient que l’on ne pouvait pas se révolter, prit fin ; et Mulcahy demanda un retour palpable de ses enseignements. Quant à l’issue réelle de la mutinerie, il ne s’en préoccupait guère. Il lui suffirait que les Anglais, d’une confiance outrecuidante en la fidélité de leur armée, fussent bouleversés d’apprendre qu’un régiment irlandais se révoltait pour des considérations politiques. Ses réclamations persistantes auraient fini, à l’instigation de Dan, par une volée générale de coups de ceinturons qui l’eût selon toute probabilité tué, en mettant fin du même coup à la fourniture de bière, s’il n’avait été envoyé en mission spéciale à quelques soixante-dix kilomètres de la garnison, se rafraîchir les pieds dans un fort de terre et démonter de l’artillerie périmée. Alors le colonel des Mavericks, qui lisait son journal attentivement, et qui flairait de loin les difficultés de frontière, se rendit au quartier général de l’armée et se réclama au commandant en chef de certains privilèges qui devaient lui être accordés sous certaines conditions : lesquelles conditions se réalisèrent pas plus tard que la semaine suivante, lorsque eut lieu la petite guerre annuelle sur la frontière, et le colonel s’en revint apporter la bonne nouvelle aux Mavericks. Il tenait de son chef la promesse