Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/46

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— Je vais donc être pendu ? dit Bahadur Khan, sans tenter de fuir et tenant les yeux attachés au sol.

— Si le soleil continue à briller ou l’eau à couler, tu seras pendu, répondit Strickland.

Bahadur Khan recula d’un pas, frissonna et resta immobile. Les deux policiers attendaient de nouveaux ordres.

— Allez ! dit Strickland.

— Non ; mais je serai vite parti quand même, dit Bahadur Khan. Vois ! dès maintenant je suis un homme mort.

Il leva son pied. Au petit doigt était attaché la tête du serpent à demi tué, fermement agrippée dans le spasme de la mort.

— Je suis né d’une race de propriétaires terriens, dit Bahadur Khan, vacillant sur place. Ce serait une honte pour moi d’aller à l’échafaud public, aussi ai-je pris cette voie. On se rappellera que les chemises du sahib sont correctement comptées, et qu’il y a un morceau de savon en supplément dans le lavabo. Mon petit a été ensorcelé, et j’ai tué le sorcier. Pourquoi chercheriez-vous à me tuer ? Mon honneur est sauf, et… et je meurs.

Il mourut au bout d’une heure, comme meurent ceux qui ont été mordus par le petit kariat, et les policiers l’emportèrent ainsi que la chose de dessous la nappe, chacun à sa place désignée. On avait besoin d’eux pour éclaircir la disparition d’Imray.

— Et dire, prononça Strickland très calmement, tout en grimpant dans son lit, dire que nous som-