Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/130

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taient les flancs du ravin. Il put constater avec une vive satisfaction qu’ils montaient presque à pic, et que les vignes et les lianes en tapissant les parois ne donneraient pas prise à un tigre qui voudrait échapper par là.

— Laisse-les souffler, Akela, dit-il en levant la main. Ils ne l’ont pas encore éventé. Laisse-les souffler. Il est temps de s’annoncer à Shere-Khan. Nous tenons la bête au piège.

Il mit ses mains en porte-voix, héla dans la direction du ravin — c’était presque la même chose que de héler dans un tunnel — et les échos bondirent de rocher en rocher.

Au bout d’un long intervalle répondit le miaulement traînant et endormi du tigre repu qui s’éveille.

— Qui appelle ? dit Shere Khan.

Et un magnifique paon s’éleva du ravin, battant des ailes et criant.

— C’est moi, Mowgli… Voleur de bétail, il est temps de venir au Rocher du Conseil ! En bas… pousse-les en bas, Akela !… En bas, Rama, en bas !

Le troupeau hésita un moment au bord de la pente, mais Akela, donnant de la voix, lança son