Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/131

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plein hurlement de chasse, et ils se précipitèrent les uns après les autres absolument comme des steamers dans un rapide, le sable et les pierres volant autour d’eux. Une fois partis, il n’y avait plus moyen de s’arrêter, et, avant qu’ils fussent en plein dans le lit du ravin, Rama éventa Shere Khan et mugit.

— Ah, ah ! dit Mowgli sur son dos. Tu sais maintenant !

Et le torrent de cornes noires, de mufles écumants, d’yeux fixes, tourbillonna dans le ravin, absolument comme roulent des rochers en temps d’inondation, les buffles plus faibles rejetés vers les flancs du ravin qu’ils balayaient en déchirant les ronces. Ils savaient maintenant quelle besogne les attendait en avant — la terrible charge des buffles à laquelle aucun tigre ne peut espérer de résister. Shere Khan entendit le tonnerre de leurs sabots, se leva et se traîna lourdement vers le bas du ravin, cherchant de côté et d’autre un moyen de s’échapper ; mais les parois étaient à pic, il lui fallait rester là, lourd de son repas et de l’eau qu’il avait bue, prêt à tout plutôt qu’à combattre. Le troupeau plongea dans la mare qu’il venait de quitter, en faisant retentir l’étroit vallon de ses mugissements,