Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/138

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Le cheval le toisa d’un seul regard, dit : « Gott im Himmel ! » aussi clairement que jamais cheval ait parlé et se mit à trotter d’une allure rapide le long de la Friedrichstrasse, abandonnant Harris et le cocher sur le trottoir. Son patron lui ordonna de s’arrêter, mais il ne s’en préoccupa pas. Ils coururent après nous et purent nous arrêter au coin de la Dorotheenstrasse. Je ne pus saisir ce que l’homme dit au cheval, il parla vite et avec excitation ; mais je comprenais quelques bribes de phrases telles que :

— Je suis bien forcé de gagner ma vie, hein ? Qui t’a demandé ton avis ? Ah, tu t’en moques pas mal, tant que tu as à boire !

Le cheval coupa court en prenant la Dorotheenstrasse de son propre chef. Je pense qu’il lui répondit :

— En route alors, et n’en parlons plus ! Tâchons d’en finir avec cette plaisanterie et prenons autant que possible les rues les moins fréquentées.

En face du Brandenburger Thor notre cocher attacha les guides autour du fouet, descendit de son siège et vint vers nous pour nous donner des explications. Il nous montra le Thiergarten, puis nous détailla le Reichstags Haus. Il nous précisa sa longueur exacte, sa hauteur et sa largeur selon la manière des guides. Il appela ensuite notre attention sur le Thor. Il le dit construit en grès, imitant les « Properleer » d’Athènes.

À ce moment-là, le cheval, qui avait occupé ses