Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/144

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piano. Telle est la tournure que prendront les choses.

L’Allemand aime la nature, mais sa conception de la nature est artificielle et symétrique. Il s’intéresse beaucoup à son jardin ; il plante sept rosiers du côté nord, sept du côté sud, et s’ils n’atteignent pas tous la même hauteur et n’ont pas tous la même silhouette, il en perd le sommeil. Chaque fleur, il l’attache après un bâton. Cela nuit à la beauté de la plante, mais il a, par contre, la satisfaction de savoir qu’elle est là et qu’elle se conduit bien. Il a également un bassin revêtu de zinc ; une fois par semaine il le retire, l’emporte dans sa cuisine et le récure. Il place un chien de faïence au centre géométrique de la pelouse, qui souvent ne dépasse pas la largeur d’une nappe et est généralement entourée d’arceaux. Les Allemands adorent les chiens, mais en général ils les préfèrent en faïence. Le chien de faïence ne creuse pas de trous dans les parterres pour y enterrer des os, ni ne disperse les fleurs à tous les vents avec ses pattes de derrière. Au point de vue allemand, c’est le chien idéal. Il ne s’enfuit pas de l’endroit où on le pose, et on ne le rencontre pas en des lieux où sa présence est gênante. On peut le choisir parfait en tous points, d’après les derniers engouements de l’exposition canine ; ou bien on peut suivre sa propre fantaisie et avoir quelque chose d’unique ; on n’est pas, comme avec les autres chiens, limité dans son choix par les rigueurs de l’hérédité. En