Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/157

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qu’elles allaient me chercher le coussin, et que le marché allait être conclu. Au lieu de cela, arriva la chose la plus incompréhensible. Ces deux se mirent derrière la troisième (toutes les trois pouffant de rire, Dieu seul sait pourquoi) et la poussèrent vers moi. Elles la poussèrent tout contre moi et alors, avant que je comprisse ce qui arrivait, cette troisième posa ses mains sur mes épaules, se mit sur la pointe des pieds et m’embrassa. Après quoi, enfouissant sa figure dans son tablier, elle s’en alla en courant, suivie par la deuxième vendeuse. La première m’ouvrit la porte avec un désir si évident de me voir partir que, dans ma confusion, je m’en allai, laissant derrière moi les vingt marks. Je n’ai pas d’objection à formuler contre ce baiser, quoique je ne l’eusse pas désiré, tandis que je désirais un coussin. Je ne tiens pas à retourner à ce magasin. Mais je ne comprends pas du tout cette conduite.

Je lui dis :

— Mais qu’avez-vous donc demandé ?

Il répondit :

— Un coussin.

— C’est ce que vous vouliez, je le sais. Ce que je veux dire est : quel mot de la langue allemande moderne avez-vous employé ?

Il me répondit :

— Un Kuss.

J’expliquai :

— Vous n’avez pas le droit de vous plaindre.