Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En cette saison, dit un autre, les premières heures du matin sont assurément les meilleures de la journée.

— N’est-ce pas votre avis ? ajoute un troisième.

— Eh ! Indubitablement.

— Il fera si frais et si agréable !

— Et les demi-teintes sont si exquises.

Le premier matin on met ces projets à exécution. Les excursionnistes se rassemblent à cinq heures trente. On est très silencieux ; chacun, pris à part, est quelque peu grognon ; on est tenté de trouver la nourriture mauvaise et beaucoup d’autres choses avec ; l’atmosphère est chargée d’une irritabilité contenue qui cherche une issue. Dans le cours de la soirée la voix du Tentateur se fait entendre :

— Je pense que si nous nous mettions en route à six heures et demie précises, cela suffirait.

La voix de la Vertu proteste faiblement :

— Cela bouleversera nos intentions. Le Tentateur réplique :

— Les intentions furent créées pour les hommes et non les hommes pour les intentions. (Le Diable sait paraphraser l’Écriture dans son propre intérêt.) D’ailleurs, cela dérange tout l’hôtel, songez donc aux malheureux domestiques.

La voix de la Vertu continue, en faiblissant :

— Mais par ici tout le monde se lève de bonne heure.

— Ils ne se lèveraient pas si tôt, les pauvres, s’ils n’y étaient obligés ! Mettons donc le déjeuner