Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre ici ? Non, je vois que vous n’en avez pas. Au revoir.

Puis voici un caquètement et le cou d’une vieille poule qui avance.

— Belle journée, n’est-ce pas ? Cela ne vous dérange pas que j’apporte ici mon ver ? C’est si difficile de trouver dans cette maison une pièce où l’on puisse jouir en paix de sa nourriture. Déjà, quand je n’étais que poussin, je mangeais lentement, mais quand une douzaine… Là, je pensais bien qu’ils ne me laisseraient pas tranquille ! Chacun en voudra un morceau. Cela ne vous fait rien que je m’installe sur le lit ? Ici ils ne me verront peut-être pas.

Pendant que l’on s’habille, différentes têtes viennent vous épier par la porte. Elles considèrent apparemment la chambre comme une ménagerie temporaire. On ne saurait dire si les têtes appartiennent à des garçons ou à des filles ; on ne peut qu’espérer qu’elles appartiennent toutes au sexe masculin. Il est inutile d’essayer de fermer la porte, car il n’y a rien pour la maintenir et, aussitôt qu’ils ne la sentent plus poussée, ils l’ouvrent de nouveau. On déjeune dans le décor traditionnel du repas qui fut célébré pour le retour de l’Enfant Prodigue : un cochon ou deux entrent pour vous tenir compagnie ; une bande d’oies d’un certain âge vous accablent de critiques, se tenant sur le pas de la porte ; vous devinez, d’après leurs chuchotements, leur expression choquée, qu’elles cassent du sucre