Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/241

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les montagnes par ce procédé : c’est ce qui m’impressionna le plus.

Une autre particularité du cocher allemand est que, pour ralentir ou accélérer son allure, il n’agit pas sur le cheval par les rênes, mais sur la voiture par le frein. Pour faire du huit à l’heure, il le serre légèrement, de telle sorte que la roue raclée produise un bruit continu analogue à celui qui s’entend lorsqu’on aiguise une scie ; pour faire quatre milles à l’heure, il le serre un peu plus fort et vous roulez, accompagnés de cris et de grognements qui rappellent la symphonie de porcs qu’on égorge. Désire-t-il s’arrêter tout à fait, il le serre à bloc. Il sait que, si son frein est de bonne qualité, sa voiture s’arrêtera en un espace moindre de deux fois sa longueur, à moins que l’animal ne soit d’une force extraordinaire. Le cocher allemand et le cheval allemand doivent ignorer qu’on peut arrêter une voiture par un autre moyen, car le cheval continue à tirer la voiture de toutes ses forces jusqu’au moment où il se sent incapable de la déplacer d’un centimètre ; alors il se repose. Les chevaux des autres pays ne voient aucun inconvénient à s’arrêter, quand on leur en suggère l’idée. J’ai même connu des chevaux qui se montraient satisfaits de marcher tout doucement ; mais notre cheval allemand est, selon toute apparence, bâti pour marcher à une seule allure et est incapable de s’en départir. J’ai vu, c’est vérité pure, un cocher allemand manœuvrer le frein des deux