Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Avez-vous essayé de lui lancer des pierres ? demanda Harris.

— Si j’ai essayé de lui lancer des pierres ! répondit l’homme avec mépris. Je lui ai lancé des pierres jusqu’au moment où mon bras n’en pouvait plus ; mais il croit que j’en fais un jeu et me les rapporte toutes. Je traîne cette sale brique depuis bientôt une heure avec l’espoir de pouvoir le noyer, mais jamais il ne s’approche suffisamment de moi pour que je le saisisse. Il s’assied toujours à au moins six pouces hors de ma portée et me regarde, la gueule ouverte.

— C’est une des histoires les plus comiques que j’aie entendues depuis longtemps, dit l’hôte.

— Heureusement que cela amuse quelqu’un ! grommela l’homme.

Nous le quittâmes qui aidait l’hôte à ramasser les objets cassés, et continuâmes notre chemin. À une douzaine de yards de la porte le fidèle animal attendait son ami. Il semblait fatigué, mais content. C’était apparemment un chien aux fantaisies brusques et bizarres, et nous craignîmes à ce moment qu’il ne se sentît pris d’une affection soudaine pour nous. Mais il nous laissa passer avec indifférence. Sa fidélité envers cet homme qui ne lui rendait pas la pareille était chose touchante et nous ne fîmes rien pour l’amoindrir.


Ayant achevé notre tour de forêt Noire à notre entière satisfaction, nous nous acheminâmes sur