Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/267

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pleine de reproches, comme si on écrivait h-a-v. Mais ce n’est pas le cas. Il y a un e à la fin.

— Je croyais, dit l’élève, qu’on ne prononçait pas l’e à la fin de h-a-v-e.

— En effet on ne le prononce pas, expliqua le professeur, c’est ce que vous appelez un e muet ; mais il exerce une influence sur la voyelle précédente : il en modifie un peu l’inflexion.

Jusque là, il avait toujours dit « have » d’une manière intelligible. À partir de ce moment, quand il lui arrivait de prononcer ce mot il s’arrêtait, rassemblait ses idées et émettait un son que seul le contexte pouvait expliquer.

À l’exception des martyrs de l’Église primitive, peu d’hommes ont, je crois, enduré ce que j’ai enduré moi-même en essayant d’acquérir la prononciation correcte du mot allemand qui signifie église, « Kirche ». Bien avant de m’en être tiré, je m’étais décidé à ne jamais aller à l’église en Allemagne plutôt que de me faire du mauvais sang à cause de ce mot.

— Non, non, m’expliquait mon professeur (c’était un homme qui prenait sa tâche à cœur), vous le prononcez comme si on l’écrivait K-i-r-ch-k-e. Il n’y a de k qu’au commencement. C’est… (et pour la vingtième fois dans cette matinée il me donnait à entendre la manière de le prononcer).

Ce qui me parut triste, c’est que je n’aurais pour rien au monde pu découvrir de différence entre sa