Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/273

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plus d’élasticité dans les articulations. Les chasseurs anglais considèrent le renard comme un animal dont le sort est enviable. On lui procure à bon marché un jour de bon sport, pendant lequel il est le centre de l’attraction.

L’habitude vous rend indifférents aux pires usages. Le tiers des Allemands que vous croisez dans la rue portent et porteront jusque dans la mort les traces des vingt à cent duels qu’ils ont eus au cours de leur vie d’étudiants. L’enfant allemand joue à la Mensur dans la nursery et continue au lycée. Les Allemands sont arrivés à croire que ce jeu n’est ni brutal, ni choquant, ni dégradant. Ils allèguent qu’il est l’école du sang-froid et du courage pour la jeunesse allemande. Mais l’étudiant allemand aurait besoin de bien plus de courage pour ne pas se battre. Il ne se bat pas pour son plaisir, mais pour satisfaire à un préjugé qui retarde de deux cents ans.

Le seul effet que produise sur lui la Mensur est de le rendre brutal. Il se peut que ce duel exige de l’adresse — on me l’a affirmé, — mais on ne s’en aperçoit pas. Ce n’est somme toute qu’un essai fructueux pour unir le grotesque au déplaisant. À Bonn, centre aristocratique par excellence où règne un goût meilleur, et à Heidelberg où les visiteurs des nations étrangères sont nombreux, l’affaire se passe peut-être avec plus d’apparat. Je me suis laissé dire que là le duel a lieu dans de belles pièces, que des médecins à cheveux blancs y soi-