Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/294

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vices, je crois qu’on ne s’en occupe pas beaucoup. En Allemagne, au contraire, on adore l’agent de police comme s’il était un petit dieu et on l’aime comme un ange gardien. Il est pour l’enfant allemand un mélange de Père Noël et de Croquemitaine. Le grand désir de tout enfant allemand est de plaire à la police. Le sourire d’un sergent de ville le rend orgueilleux. On ne peut plus vivre avec un enfant allemand à qui un sergent de ville a tapoté amicalement la joue : sa suffisance le rend insupportable.

Le citoyen allemand est un soldat dont l’agent de police est l’officier. L’agent lui indique la rue dans laquelle marcher et la vitesse permise. À l’entrée de chaque pont se trouve un agent qui indique aux Allemands la manière de le traverser. Si le quidam ne trouvait pas cet agent à sa place, il s’assoirait probablement et attendrait que la rivière ait fini de couler devant lui. Aux stations de chemin de fer l’agent l’enferme à clef dans la salle d’attente, où il ne peut se faire de mal. Quand l’heure du départ a sonné, il le fait sortir et le met entre les mains du chef de train, qui n’est qu’un sergent de ville revêtu d’un uniforme différent. Le chef de train lui indique la place qu’il doit occuper, l’endroit où il devra descendre, et il veille à ce qu’il descende au bon moment. En Allemagne l’individu n’assume aucune responsabilité. On vous mâche la besogne et on vous la mâche bien. Vous n’êtes pas censé vous conduire de votre propre ini-