Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/306

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porter. Je lui dis : « Quel est votre dernier prix ? — Je vous ai déjà dit 25 marks », me répondit-il (c’était un type irascible). « Il ne les vaut pas, lui dis-je. — Je ne l’ai jamais prétendu, vous ne pouvez pas dire le contraire, grogna-t-il. — Je vous en offre 10 marks ! » Je croyais qu’il allait finir par en accepter 20. Il se leva. Je crus qu’il allait prendre le livre à l’étalage. Non, il se dirigea droit sur moi. C’était une sorte de géant. Il m’empoigna par les deux épaules, me jeta à la rue et ferma violemment la porte sur moi. Jamais de ma vie je ne fus aussi étonné.

— Peut-être, insinuai-je, le livre valait-il ses 25 marks.

— Naturellement qu’il les valait, répliqua-t-il, et largement encore ! Mais quelle notion des affaires !

C’est la femme qui seule pourra arriver à changer le caractère allemand. Elle-même est en train d’évoluer et progresse vite. Il y a dix ans nulle jeune fille allemande tenant à sa réputation et espérant trouver un mari n’aurait osé monter à bicyclette : maintenant elles pédalent par milliers à travers le pays. Les vieux secouent la tête à leur vue ; mais j’ai remarqué que les jeunes gens les rejoignent et font route à leur côté. Récemment encore il n’était pas comme il faut, pour une dame, de faire des dehors en patinant : elle devait, pour être correcte, s’accrocher éperdument au bras de