Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/70

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couchait à « Beggarbush ». J’y ai couché moi-même, et je suis au courant de ce qui s’y passe. Vers le milieu de la nuit, du moins à ce qu’il vous semble, car dans la réalité il peut être un peu plus tard, vous êtes réveillé en sursaut de votre premier somme par une charge de cavalerie le long du couloir. Mal réveillé, vous hésitez entre des cambrioleurs, les trompettes du jugement dernier et une explosion de gaz. Vous vous mettez sur votre séant, et vous écoutez avec attention. On ne vous fait pas attendre : bientôt une porte est violemment poussée ; quelqu’un ou quelque chose dégringole l’escalier apparemment sur un plateau à thé ; vous entendez un « Je l’avais bien dit ! » et aussitôt une chose dure, une tête peut-être, c’est du moins l’impression qu’on en a d’après le bruit, rebondit contre le panneau de votre porte.

À ce moment vous vous lancerez dans une charge folle autour de votre chambre, à la recherche de vos vêtements. Rien ne se trouve plus où vous l’aviez mis le soir. Les objets les plus indispensables ont entièrement disparu ; et pendant ce temps l’assassinat, la révolution, bref l’événement quel qu’il soit continue formidable. Vous vous arrêtez un moment, la tête sous l’armoire, où vous avez cru découvrir vos pantoufles, pour écouter des coups réguliers et monotones sur une porte éloignée. La victime, vous le supposez, s’est cachée là ; ils tâchent de la faire sortir et de l’achever. Pourrez-vous arriver à temps ? Les coups cessent,