Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/73

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eux que préliminaires à la représentation véritable. Ils attendent le moment où ils vous verront sortir de votre lit et agir.


De les voir dans la chambre d’un étranger déplaît à l’aîné. Il leur ordonne sur un ton sévère de se retirer. Eux ne lui répondent pas, ne discutent pas ; d’un commun accord et dans un silence complet ils tombent sur lui. Vous ne distinguez pas autre chose, de votre lit, qu’un enchevêtrement confus de bras et de jambes, image frénétique d’une pieuvre empoisonnée. Si vous êtes couché en pyjama, vous sautez du lit et ne faites qu’ajouter à la confusion ; si votre toilette de nuit est moins élégante, vous restez où vous êtes et hurlez des ordres, qu’on méconnaîtra entièrement. Le plus simple est de laisser agir l’aîné. Il arrive en peu de temps à les expulser et ferme la porte sur eux. Elle est immédiatement rouverte, et l’un d’eux est projeté dans la chambre. C’est généralement Muriel. Elle y arrive comme lancée par une catapulte. L’aîné rouvre la porte et se sert de sa sœur comme d’un bélier contre la masse des autres. Vous distinguez nettement le bruit mat de la tête qui tape dans le tas qu’elle disperse. Quand l’aîné est ainsi arrivé à ses fins, il revient tranquillement reprendre sa place sur le lit. Il montre le plus grand calme ; il a l’air d’avoir oublié l’incident.

— J’aime le lever du jour, dit-il, l’aimez-vous aussi ?