Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/64

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perdue, et je pense qu’elle l’a bien mérité. Pourtant des larmes, voyez-vous, me coupent la parole, lorsque, dame Marthe entrant dans la chambre et levant sa lampe, je vois la petite tremblante à faire pitié, elle qui sans cela regardait autour d’elle avec tant de hardiesse. Aussi je me suis dit : Quel mal serait-ce d’être aveugle ? J’aurais donné mes yeux à qui aurait voulu pour jouer aux billes avec.

Ève.

Il ne vaut pas, le mauvais garnement…

Adam.

Taisez-vous !

Ruprecht.

Vous savez le reste.

Adam.

Comment, le reste ?

Ruprecht.

Eh oui ! Dame Marthe arrive en écumant de rage, le voisin Ralf arrive, et le voisin Hinz ; et la cousine Suzanne et la cousine Lise arrivent ; servante, valets, chiens et chats arrivent aussi, c’est un scandale ! Dame Marthe demande à la jeune fille qui a cassé la cruche, et elle, elle répond, vous le savez, que c’est moi. En fait, elle n’a pas tout à fait tort, messieurs. La cruche avec laquelle elle cherchait l’eau, c’est moi qui l’ai cassée, et le savetier a un trou dans la tête.

Adam.

Dame Marthe, avez-vous quelque chose à répliquer à cette déposition ? Parlez.

Dame Marthe.

Ce que j’ai à répliquer à cette déposition ? C’est que semblable à la martre voleuse, elle étrangle la vérité comme une poule qui glousse. Celui qui aime le droit