Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/188

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m’a toujours donné l’horreur du crime : c’est d’après ces règles que je me juge innocent : la nature plus forte en moi que toutes les lois que je ne connais point, que ces systèmes, qui pour la plupart sont faux et erronés ; la nature seule, dont j’ai suivi aveuglément les impulsions, a causé ce moment d’oubli. Avez-vous des parens, monsieur ?

Erman.

Non : je suis orphelin dès mon bas âge.

Frédéric.

J’en suis fâché ; nous ne nous entendrons point. Le sentiment qui m’a fait agir est tout à fait étranger à votre âme : le désir de soulager une mère dans le besoin ne l’enflamma jamais ! Je n’ai jamais rien appris ; mais j’ouvre le livre de la nature, et j’y trouve par-tout, que le fort doit assister le faible ; et quand je vois un être formé comme moi, mon égal aux yeux de l’Éternel, sacrifier à son luxe, à ses passions, à ses fantaisies, des biens qui ne lui sont donnés que pour secourir ses semblables, je ne vois que l’injustice du sort. L’idée de ma mère, victime de cet injuste partage, vient s’offrir à mon imagination et s’en empare. Elle seule guide ma main qui s’arme pour elle, et la nature me parlant par sa voix, me dit qu’en dépouillant le riche d’un superflu dont il ne sait point faire l’usage convenable, je ne suis que juste, et non point criminel.

Erman.

Doucement, mon ami, doucement : vous errez