Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/189

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avec de tels principes poussés à l’excès ; ils détruiraient bientôt les liens de la société ; et vous parlez un langage, qui n’est tout au plus adopté que parmi des sauvages, et des gens sans lois et sans éducation.

Frédéric.

Plût à Dieu que nous y eussions été transportés, ma mère et moi, parmi les sauvages ! elle y eût trouvé des secours, qu’une nation civilisée lui refuse ; on ne l’y eût pas laissé périr de misère sur les grands-chemins !

Erman.

Jeune homme, vous m’intéressez : je désirerais savoir qui vous êtes.

Frédéric.

Ce que je suis, ce que je sais, ce que je vaux, je dois tout à ma mère : c’est d’elle que j’appris à être humain et secourable : pour elle je suivis les mouvemens que me dictait le principe, quand, sans considérer les moyens, je m’efforçai de lui procurer des secours dont elle avait un besoin si essentiel.

Erman.

À la bonne heure. Je veux bien, en adoptant pour un moment votre façon de raisonner, excuser le vol en faveur du motif qui vous fit agir : je veux, qu’entraîné par le désir de procurer du soulagement à une mère mourante, vous vous soyez oublié au point de braver les lois, pour ne suivre que les mouvemens d’une tendresse compa-