Page:Krysinska - Intermèdes, 1903.djvu/38

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nous déclinons avec énergie le titre de disciple et citons comme témoins de notre indépendance, des dates imprimées qui nous établissent préalable la formation du groupe novateur, lequel, par l’omission systématique de notre nom, nous à décrétée inexistante et non advenue ; « un mythe » écrivait textuellement — je ne sais plus où — M.  Viellé Griffin.


Résumons-nous :

Toute formule, pourvu qu’elle contienne une réalisation heureuse, peut être classée à côté de celles qui l’ont précédée.

Tout dispositif prosodique — alexandrins, rimes alternantes, rondeau, ballade, terza rima — fut à l’origine la trouvaille d’un seul poète, qui l’innovait à son usage. Pétrarque, à son premier sonnet, était une façon de révolutionnaire, qui osait tronquer deux quatrains sur quatre pour en faire des tercets.

Et ainsi de toutes les formes après lesquelles les conservateurs modernes prétendent clôturer le champ prosodique.

Les cadres ont varié depuis les premiers troubadours en passant par la Pléiade, le Classicisme, le Romantisme et le Parnasse, et, tout poète original apporte sa variante plus ou moins sensible.

La minutie et les rigueurs caractérisent précisément les périodes de début, ce dont l’essor de la pensée poétique se trouve longtemps stérilisé et enchaîné.

Les formules sont susceptibles de se transformer indéfiniment, seule la valeur d’art, intégrale, importe.

S’étant libéré de quelques difficultés spéciales imposées par une technique conventionnelle, il reste à l’écrivain-poète, soucieux de produire une œuvre valable, à vaincre toutes les difficultés essentielles, à se défier de toutes les embûches qui empêcheraient la vie esthétique de cette œuvre.