Dégagé des règles d’une formule déterminée, il ne s’est point dérobé aux lois de la forme, plus mystérieuses.
La poésie — outre son acception générale — dans le cas qui nous occupe est, avant tout, de la littérature, et peut être exprimée dans la plus librement respirante des proses ; Bossuet, Chateaubriand, Flaubert sont des poètes.
Versification est un mot scolastique dont la définition change avec les races et le temps, sans quoi Salomon, David, Homère, les poètes latins qui n’avaient pas la rime, les anglais : Shelley et Tennyson, notre Lafontaine (qui ne s’astreignait à aucune coupe régulière), ne seraient point des poètes.
Forme et Rythme ne sont point synonymes de symétrie ; mesure est un mot complexe et vaste qui, dans la musique, plane au-dessus des subdivisions variées à l’infini. Combien le grand Schumann est miraculeux par son imprévu rythmique et harmonique.
Ce fut, on peut supposer, la parole chantée qui donna lieu aux premières combinaisons rythmiques ; mais l’évolution de la musique moderne, avec ses larges récitatifs, ses dissonances voulues, sa recherche de l’inattendu, ne semble-t-elle pas inviter aussi la phrase poétique à se faire diverse, amplifiée comme elle, pour des unions heureuses.
Le poète, comme tout autre créateur d’art, a le droit de se constituer arbitre de son œuvre, en ce qui concerne les moyens employés. Mais, l’artiste véritable, alors même qu’il suit sa fantaisie, est impérieusement conseillé dans ses ordonnances par une tradition de beauté affirmée par l’exemple des Maîtres du Passé.
Cet acte de foi artistique qui est la production d’une œuvre réellement belle est, de par les musées et les bibliothèques, ratifié par l’admiration des siècles ; et, les enquêtes
