— Au contraire, les Méditations de Lamartine, la maison tenue par ta demoiselle Paméla Dujasmin, c’est…
— C’est le centre de ralliement des violettes.
— Précisément, général… Et le bal de l’Eldorado, voilà la conspiration…
— Une minute !… Nous disons qu’il y a une conspiration… que le père Dujasmin s’oppose à ce que sa fille Paméla épouse une Société de Violettes… je veux dire un marchand de complaintes, nommé Le Crêpu Pharamond, dont le père, qui n’est pas son père à celui-là, est cordonnier…
— Permettez, général…
— Laissez-moi suivre le fil de la chose… Nous disons encore que les Méditations de Lamartine sont invitées par la Société des Violettes à un bal organisé à l’Eldorado, mais que là éclatera la conspiration… Ah çà, quels sont les adversaires de la Société des Violettes qui iront au bal en question ?
— Moi, d’abord, général. Il faut à tout prix que j’empêche ce mariage.
— Comment ! vous ?… Qu’est-ce que cela peut vous faire ?
— Je suis le rival de Pharamond Le Crêpu.
— Pristi ! voilà qui change tout !…
— Certainement, général.
— Alors, vous êtes le rival du marchand de complaintes ?
— Oui, général.
— Vous êtes un adversaire de la Société des Violettes ?
— Naturellement.
— Et vous voulez, grâce au bal de l’Eldorado, empêcher le mariage du lieu d’aisance.
— C’est cela même… J’irai exprès pour cela à ce bal.
— Parfaitement !… Je comprends maintenant pourquoi le colonel Campistron vous a envoyé ici.
Le général sonne. Le planton paraît.
— Faites monter de suite le lieutenant Biquet, mon secrétaire, avec un caporal et une escouade.
Quand le lieutenant est arrivé, le général le fait asseoir.
— Biquet, je vais, dit-il, vous charger d’une mission délicate. Il y a une conspiration contre un jeune homme auquel s’intéresse le colonel Campistron, mon ami… Campistron est bonapartiste, c’est son affaire ; moi, je suis pour le roi, ça me regarde… À part ça, nous sommes d’accord… Vous connaissez les Délices de l’Orient, Biquet ?
— Oui, mon général.
— Et les Méditations de Lamartine ?