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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/54

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LES TROIS COCUS

— C’est en face.

— Eh bien, le Lamartine, qui est l’établissement bonapartiste…

À ce mot, Georges Lapais de se récrier :

— Mais, général…

— Assez, monsieur, vous n’avez plus la parole…

Et se tournant vers Biquet :

— La demoiselle du Lamartine, dis-je, est à la tête d’une Société pour la propagation de la violette, qui est, comme vous le savez, l’emblème des bonapartistes. Elle s’appelle Paméla Dujasmin, et son père ne veut pas qu’elle se marie avec un jeune homme nommé Pharamond Le Crêpu, sous prétexte qu’il chante des complaintes, ce qui n’est pas une raison, et encore sous prétexte que le fiancé Le Crêpu n’est pas un enfant légitime, vu que son père, à lui, s’appelle Le Cornu…

— Pardon, général, interrompt Georges Lapaix.

— Silence, sacré nom ! Je répète vos propres paroles… Écoutez-moi, Biquet… Vous comprenez que le second prétexte ne vaut pas mieux que le premier. Ce n’est pas sa faute, à ce garçon, si son père ne l’a pas légitimé… Vous allez donc, dès demain matin à la première heure, trouver M. Dujasmin, le père du lieu d’aisance… Vous lui direz que le colonel Campistron, mon ami, s’intéresse au mariage de sa fille avec le jeune Le Crêpu, qui a organisé la Société des Violettes…

Georges Lapaix trépignait.

— Ah ! çà, crie le général, avez-vous fini de vous démener sur votre chaise ?… Je continue, Biquet… Vous direz encore au père Dujasmin que, bien que les opinions du colonel et celles du jeune Pharamond ne soient pas les miennes, je verrais avec plaisir se conclure ce mariage… Maintenant, il y a une autre affaire… Cet autre jeune homme, celui-ci, qui est le rival de Le Crêpu, a organisé, à l’Eldorado, un bal pour s’opposer aux épanchements légitimes de nos deux amoureux…

Le neveu de Campistron ne pouvait y tenir.

— Oh ! général, je ne puis laisser ainsi interpréter mes…

— Nom de Dieu de nom de Dieu ! allez-vous me ficher la paix, mille tonnerres !… C’est vous-même qui avez déclaré, il y a deux minutes, que vous iriez à ce bal pour faire de l’opposition au mariage de votre rival, et que c’était là la conspiration dénoncée par le colonel…

— Oui, général ; mais…

— Assez !