e cours du professeur Farabeuf était un des très rares
enseignements utiles de la Faculté. Ce maître, d’un physique
ingrat, d’une voix légèrement nasillarde, avait le génie
de l’exposition. Maintenant encore, je me rappelle les leçons
sur les organes de la grossesse qu’il professait en 1890-1891, et
je n’ai oublié aucun des appareils ingénieux et mécanismes
habiles par lesquels il nous expliquait les diverses phases de
l’accouchement. Je tiens le répertoire de toutes les insertions
musculaires qu’il nous détaillait sur le système osseux, sa
baguette démonstrative à la main. Il a formé, comme en se
jouant, trois générations d’anatomistes. On le disait sévère. Je
le trouvais surtout équitable, inaccessible à la recommandation,
à la brigue et à l’intrigue. Aussi ses collègues, vers la fin de sa
vie, lui jouaient-ils à qui mieux mieux de nombreux tours.
Rarement homme méprisa à ce point les honneurs factices et
l’argent. Grand, maigre, de visage mélancolique et jauniot
entre ses favoris clairsemés, il était tout à son devoir et à la
science. Il y avait en lui de la veine studieuse du grand Bichat…
et quelle clarté, quel art lucide !
Paul Poirier, le petit Poirier, qui lui avait grimpé sur le dos, bien qu’il n’eût pas le centième de sa valeur, ne manquait ni d’entregent, ni de savoir-faire. Maure de Normandie, de teint chaud, de traits réguliers, barbu et chevelu de noir, puis de