ai fait de nombreux séjours en Angleterre et à Londres
entre 1885 et 1900. Le plus important, pour la durée et
l’intérêt, fut celui du printemps de 1895, en compagnie d’Alphonse
Daudet. Ma mère en a consigné les principaux épisodes
dans un délicieux petit livre, auquel je renvoie le lecteur. Il
faisait un temps superbe, allègre et frais. L’immense ville laborieuse
et luxueuse était comme baignée dans une brume d’or.
Nous étions logés dans Dover Street, en plein Piccadilly ; mais
chaque jour Henry James nous venait quérir pour une promenade,
un thé, un déjeuner, un dîner au club. Georges Hugo,
Charles Philippe, Jules Huret nous accompagnaient, — Huret
à titre d’annaliste, — et je vous prie de croire qu’on ne s’ennuyait
pas. Ce pauvre Huret, qui était un si bon et loyal camarade,
est mort aujourd’hui, mais les autres ont dû garder la
mémoire de nos rires et de nos bombances.
Henry James, le Bourget de la littérature anglaise, en faisant la part des différences ethniques et psychologiques, est d’origine américaine. Il est le frère du philosophe William James, l’inventeur du pragmatisme. C’est une nature noble et com-