Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sition de tous ses membres, quelle est son intention ; voici deux figures dont la différente altitude montre qu’elles font un effort bien différent : la figure A est celle qui fait paroître plus de vigueur et de force, et la figure B en fait paroître moins ; mais la figure A jettera plus loin le dard qu’elle lance, que la figure B ne jettera la pierre qu’elle tient ; parce qu’encore bien que les deux figures paroissent vouloir jeter du même côté et arriver au même but, la figure A fait un plus grand effort : car elle a les pieds tournés du côté opposé à celui vers où elle veut porter ce coup ; ce qui fait qu’elle le porte en effet avec beaucoup de force, en pliant et remuant le corps fort vite et fort commodément pour le ramener vers le but où elle veut tirer. Au contraire, la figure B ayant le corps et les pieds dans une situation naturelle, elle n’agit pas avec tant de facilité, et elle ne fait pas tant d’efforts, par conséquent l’effet est foible, et le mouvement peu violent ; parce qu’en général tout effort, pour avoir un grand effet, doit commencer par des contorsions violentes, et finir par des mouvemens libres, aisés et commodes ; de même que si une arbalète n’est pas bandée avec force, le mouvement de la chose