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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Jamais je ne changerais de chemise,
Ni de souliers, ni de bas, ni de culottes.
Bouilli, rôti, étuvée, tripes, boudin,
Je mangerais tout dans le même plat.

À tout je serais indifférent,
Aussi bien à un bel habit qu’à un en loques,
Et je me tiendrais à l’écart du monde.

Diogène logeait toujours en un tonneau ;
En cela seul je différerais de lui,
Moi, je serais toujours logé dans une motte.


LE PÉCHÉ D’ADAM

Je n’ai pas tant à cœur le péché
D’Adam, parce qu’il est cause de si gros ennuis
Que nous donnent mouches, bourdons, taons
Et quantité de bêtes venimeuses ;

Pas davantage pour les grosses maladies,
Pestes, bubons, poulains et chancres ;
Ni pour la guerre, qui fait tant de ravages,
Et amène de si grandes calamités,

Ce n’est pas non plus pour les ouragans, les tempêtes,
Ni parce qu’à tout le monde il faut mourir,
Quoique cela soit la grande coïonnerie ;

Je me fâche seulement de ce que la femme,
Depuis ce péché, s’est mis en tête
De se couvrir tout d’un coup la moniche.