Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/119

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cieux et uni, et que déjà le combat était commencé. La porte est ouverte au seigneur de Montauban, et le portier la ferme aussitôt sur lui. Renaud traverse la cité vide, après avoir tout d’abord laissé la donzelle dans une hôtellerie,

Et lui avoir dit de rester là en sûreté jusqu’à ce qu’il revienne vers elle, ce qui ne tardera pas. Puis il se dirige rapidement vers le champ de bataille, où les deux guerriers avaient déjà échangé de nombreux coups et s’en portaient encore. Lurcanio avait le cœur mal disposé contre Ginevra, et l’autre, pour sa défense, soutenait vaillamment son entreprise volontaire.

Six chevaliers à pied, armés de cuirasses, se tenaient avec eux dans la lice, ainsi que le duc d’Albanie, monté sur un puissant coursier de bonne race. Comme grand connétable, la garde du camp et de la place lui avait été confiée ; et de voir Ginevra en un si grand danger, il avait le cœur joyeux et le regard plein d’orgueil.

Renaud s’avance à travers la foule, où le bon destrier Bayard se fait ouvrir un large passage. Quiconque l’entend venir comme une tempête n’est ni long ni boiteux à lui faire place. Renaud se présente, dominant tout le monde et portant au visage la fleur de toute vaillance. Puis il va s’arrêter devant la place où siège le roi. Chacun s’approche pour entendre ce qu’il demande.

Renaud dit au roi : « Grand prince, ne laisse pas la bataille se poursuivre, car quel que soit celui de ces deux chevaliers qui meure, sache que