Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/146

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plus parfaite. Sa longue chevelure retombait en boucles, et il n’est pas d’or plus resplendissant et plus chatoyant. Sur sa joue délicate étaient semés les roses et les lys ; son front, d’un pur ivoire, terminait un visage admirablement proportionné.

Sous deux sourcils noirs et d’un dessin plein de finesse, sont deux yeux noirs, ou plutôt deux clairs soleils, aux regards tendres, et lents à se mouvoir. Il semble qu’Amour, qui voltige, se joue tout autour, vient y remplir son carquois de flèches dont il transperce les cœurs. De là, descend sur le milieu du visage un nez où l’envie ne trouverait rien à critiquer.

Au-dessous, comme entre deux sillons, se dessine une bouche où est répandu un cinabre naturel. Là, sont deux rangées de perles sur lesquelles se ferme et s’ouvre une lèvre belle et douce. C’est de là que sortent les paroles courtoises, capables d’amollir le cœur le plus rude et le plus rebelle. La, se forme ce rire suave qui ouvre à son gré le paradis sur terre.

Blanc comme neige est son beau col, et sa gorge blanche comme lait. Le col est arrondi et la gorge est relevée. Deux seins drus, comme s’ils étaient d’ivoire, vont et viennent, ainsi que l’onde sur le rivage, quand une fraîche brise soulève la mer. Argus lui-même ne pourrait voir le reste ; mais on peut juger que ce qui est caché sous le voile correspond à ce qui apparaît au dehors.

Les deux bras montrent un modelé parfait ; sa main blanche, un peu longue et effilée, ne laisse