Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/148

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douce harmonie et de concerts mélodieux. Plus d’un convive savait, par ses chants, dépeindre les joies et les transports de l’amour, ou, par de poétiques fictions, représenter d’attachantes fantaisies.

La table magnifique et somptueuse de n’importe lequel des successeurs de Ninus, ou celle non moins célèbre et fameuse que Cléopâtre offrit au Romain vainqueur, pourrait-elle aller de pair avec celle devant laquelle l’amoureuse fée avait fait asseoir le paladin ? Je ne crois pas qu’on puisse même lui comparer la table où Ganymède sert Jupiter souverain.

Dès que les tables et les victuailles eurent été enlevées, les convives s’asseyant en cercle, se livrèrent à ce doux jeu où, la bouche près de l’oreille, on se demande à l’un l’autre, et selon sa fantaisie, quelque secret amoureux. C’est celui que les amants trouvent si commode pour se découvrir sans empêchement leur amour. Alcine et Roger finirent par convenir de se retrouver ensemble la nuit prochaine.

Ce jeu cessa vite, et beaucoup plus tôt qu’on n’en avait l’habitude en pareil cas, les pages entrèrent, armés de torches, et chassèrent les ténèbres avec de nombreuses lumières. Entouré’d’une belle compagnie qui le précédait et le suivait, Roger alla retrouver son doux lit de plume, dans une chambre élégante et fraîche, choisie comme la meilleure de toutes.

Puis, quand on eut servi de nouveau les bons