Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiques, contresignées du sceau de l’État, pour être remises au. prince de Galles. Ces lettres portaient que tout ce qu’on pourrait lever dans le pays de fantassins et de cavaliers devait être dirigé sur Calais, pour porter secours à la France et à Charles.

Le prince dont je parle, et qui occupait, en l’absence d’Othon, le siège royal, rendit à Renaud fils d’Aymon de tels honneurs, qu’il n’en aurait pas fait autant pour son roi. Pour satisfaire à sa demande, il ordonna à tous les gens de guerre de la Bretagne et des îles voisines de se trouver sur le rivage à jour fixe.

Seigneur, il convient que je fasse comme le virtuose habile qui, sur son instrument flexible, change souvent de corde et varie de ton, prenant tantôt le grave, tantôt l’aigu. Pendant que je suis occupé à parler de Renaud, je me suis souvenu de la gentille Angélique que j’ai laissée fuyant loin de lui, et qui venait de rencontrer un ermite.

Je vais poursuivre un.instant son histoire. J’ai dit qu’elle avait demandé avec une vive anxiété comment elle pourrait rejoindre le rivage, car elle avait une telle peur de Renaud, qu’elle se croyait en danger de mort si elle ne mettait pas la mer entre elle et lui, et qu’elle ne pensait pas être en sûreté tant qu’elle serait en Europe. Mais l’ermite cherchait à l’amuser, parce qu’il avait du plaisir à rester avec elle.

Cette rare beauté lui a allumé le cœur et réchauffé les moelles engourdies. Mais, quand il voit