Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/185

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neveu était parti pendant la nuit, alors qu’il avait le plus besoin de lui et de son aide. Il ne put retenir sa colère. Il se répandit en plaintes, en reproches et en menaces à son égard, disant que, s’il ne revenait pas, il le ferait repentir d’une conduite si coupable.

Brandimart, qui aimait Roland comme soi-même, ne voulut pas rester après son départ, soit qu’il espérât le faire revenir, soit qu’il lui eût déplu de l’entendre blâmer et menacer. À peine le jour se fut-il obscurci, que dédaignant de rester davantage, il sortit du camp sans rien dire à Fleur-de-Lys, de peur qu’elle ne s’opposât à son dessein.

Celle-ci était une dame qu’il chérissait beaucoup, et dont on aurait difficilement trouvé la pareille ; charmante de manières, de grâce et de visage, elle était douée de prudence et de sagesse. S’il était parti sans son assentiment, c’est parce qu’il espérait revenir près d’elle le jour même. Mais il lui arriva des aventures qui le retardèrent dans ses projets.

Lorsque Fleur-de-Lys eut attendu en vain pendant un mois, et qu’elle ne l’eut pas vu revenir, elle fut tellement saisie du désir de le revoir, qu’elle partit sans escorte et sans guide. Elle le chercha dans beaucoup de pays, comme cette histoire le dira en son lieu. Sur tous les deux, je ne vous en dis pas maintenant davantage, car il m’importe beaucoup plus de m’occuper du chevalier d’Anglante.

Celui-ci, après qu’il eut changé les glorieux