Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/186

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insignes d’Almont contre d’autres armes, alla vers la porte, et dit à l’oreille du capitaine qui commandait le poste de garde : « Je suis le comte. » Et s’étant fait abaisser le pont, par la route qui menait au camp des ennemis, il prit droit son chemin. Ce qui suivit est raconté dans l’autre chant.

CHANT IX


Argument. — Roland ayant appris la coutume cruelle introduite dans l’île d’Ébude, soupçonne qu’Angélique y est en danger, et il se propose d’y aller ; mais auparavant, il secourt Olympie, comtesse de Hollande et femme du duc Birène, poursuivie par le roi Cimosque. Il défait complètement ce roi, et remet Olympie en possession de ses États et de son mari.



Que ne peut-il pas faire d’un cœur qui lui est assujetti, ce cruel et traître Amour, puisqu’il a pu enlever du cœur de Roland la grande fidélité qu’il devait à son prince ? Jusqu’ici, Roland s’est montré sage et tout à fait digne de respect, et défenseur de la Sainte Église. Maintenant, pour un vain amour, il a peu souci de son oncle et de lui-même, et encore moins de Dieu.

Mais moi je ne l’excuse que trop, et je me félicite d’avoir un tel compagnon de ma faiblesse ; car moi aussi, je suis languissant et débile pour le bien, et sain et vaillant pour le mal. Roland s’en va entièrement recouvert d’une armure noire, sans regret d’abandonner tant d’amis, et il arrive