Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/200

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« Mais si chez vous le courage répond à la fière prestance et à l’aspect herculéen, si vous croyez pouvoir m’arracher à Cymosque dans le cas ou il manquerait à sa promesse, consentez à m’accompagner lorsque j’irai me remettre en ses mains. Si vous êtes avec moi, je ne craindrai plus qu’une fois que je serai morle, mon seigneur meure aussi. »

Ici la damoiselle termina son récit qu’elle avait interrompu souvent par ses larmes et ses soupirs. Dès qu’elle eut fermé la bouche, Roland, qui n’hésita jamais à faire le bien, ne se répandit pas en vaines paroles, car, de sa nature, il n’en abusait pas. Mais il lui promit et lui donna sa foi qu’il ferait plus qu’elle ne lui avait demandé.

Son intention n’est pas qu’elle aille se remettre aux mains de son ennemi pour sauver Biréne. Il les sauvera bien tous deux, si son épée et sa valeur habituelle ne lui font point défaut. Le jour même, ils se mettent en route, profitant du vent doux et favorable. Le paladin presse le départ, car il désirait se rendre ensuite le plus tôt possible à l’île du monstre.

L’habile pilote dirige sa voile d’un côté et d’autre, à travers les étangs profonds ; il longe successivement toutes les îles de la Zélande, découvrant l’une à mesure qu’on dépasse l’autre. Le troisième jour, Roland descend en Hollande ; mais il ne laisse pas venir avec lui celle qui est en guerre avec le roi de Frise ; Roland veut qu’elle apprenne la mort de ce tyran avant de descendre.