Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/201

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Couvert de ses armes, le paladin s’avance le long du rivage, monté sur un coursier au pelage gris et noir, nourri en Flandre et né en Danemark, et fort et robuste encore plus que rapide. Car, avant de s’embarquer, il avait laissé en Bretagne son destrier, ce Bride d’or si beau et si vaillant, qui n’avait pas d’égal, si ce n’est Bayard.

Roland arrive a Dordrecht, et là il trouve la porte gardée par une nombreuse troupe de gens en armes, ainsi qu’on fait toujours pour maintenir une ville suspecte, et surtout quand elle est nouvellement conquise. On venait du reste de recevoir la nouvelle qu’un cousin du prisonnier accourait de Zélande avec une flotte et une armée.

Roland prie un des gardes d’aller dire au roi qu’un chevalier errant désire se mesurer avec lui à la lance et à l’épée ; mais qu’il veut qu’entre eux un pacte soit auparavant conclu : si le roi renverse celui qui l’a défié, on lui livrera la dame qui a tué Arbant, car le chevalier la tient à sa disposition dans un endroit peu éloigné, de manière à pouvoir la lui livrer.

En revanche, il veut que le roi promette, s’il est vaincu dans le combat, de mettre immédiatement Birene en liberté et de le laisser aller où il voudra. Le soldat remplit en toute hâte son ambassade, mais le roi, qui ne connut jamais ni courage ni courtoisie, songe aussitôt à employer la fraude, la tromperie et la trahison.

Il pense qu’en s’emparant du chevalier, il aura par-dessus le marché la dame qui l’a si fort ou-