Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/202

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tragé, si elle est véritablement à sa disposition et si le soldat a bien entendu. Par divers sentiers aboutissant à d’autres portes que celle où il était attendu, il fait sortir trente hommes, qui, après un long détour et en se cachant, vont s’embusquer derrière le paladin.

En attendant, le traître fait engager des pourparlers, jusqu’à ce qu’il ait vu les cavaliers et les fantassins arrivés à l’endroit où il veut. Ensuite, il sort lui-même par la porte à la tête d’un nombre égal de soldats. Comme le chasseur expérimenté a coutume de cerner les bois de tous côtés, ou comme, près du Volana, le pêcheur entoure les poissons d’un long filet,

De même, le roi de Frise prend ses mesures pour que le chevalier ne puisse fuir par aucun côté. Il veut le prendre vivant et non d’une autre façon. Et il croit le faire si facilement, qu’il n’apporte pas avec lui cette foudre terrestre, avec laquelle il fait de si nombreuses victimes, car ici elle ne lui semble pas nécessaire, puisqu’il veut faire un prisonnier et non donner la mort.

Comme le rusé oiseleur, qui conserve vivants les premiers oiseaux pris, afin d’en attirer par leur jeu et par l’appeau une plus grande quantité, ainsi voulait faire en cette circonstance le roi Cymosque. Mais Roland n’était pas un de ces oiseaux qui se laissent prendre du premier coup, et il eut bien vite rompu le cercle qu’on avait fait autour de lui.

Le chevalier d’Anglante abaisse sa lance et se