Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/214

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à l’approche du soir, ils furent poussés sur une île inculte et déserte.

Dès qu’ils se furent abrités dans une petite anse, Olympie vint à terre. Contente, heureuse et loin de tout soupçon, elle soupa en compagnie de l’infidèle Birène ; puis, sous une tente qui leur avait été dressée dans un lieu agréable, elle se mit au lit avec lui. Tous leurs autres compagnons retournèrent sur le vaisseau pour s’y reposer.

La fatigue de la mer, et la peur qui l’avait tenue éveillée pendant plusieurs jours, le bonheur de se retrouver en sûreté sur le rivage, loin de toute rumeur, dans une solitude où nulle pensée, nul souci, puisqu’elle avait son amant avec elle, ne venait la tourmenter, plongèrent Olympie dans un sommeil si profond, que les ours et les loirs n’en subissent pas de plus grand.

Son infidèle amant, que la tromperie qu’il médile tient éveillé, la sent à peine endormie, qu’il sort doucement du lit, fait un paquet de ses habits et, sans plus se vêtir, abandonne la tente. Comme s’il lui était poussé des ailes, il vole vers ses gens, les réveille, et sans leur permettre de pousser un cri, leur fait gagner le large et abandonner le rivage.

Ils laissent derrière eux la plage et la malheureuse Olympie, qui dormit sans se réveiller jusqu’à ce que l’aurore eût laissé tomber de son char d’or une froide rosée sur la terre, et que les alcyons eussent pleuré sur les ondes leur antique infortune. Alors, à moitié éveillée, à moitié en-