Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/264

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Il lui semble entendre Angélique lui dire, à travers ses pleurs et ses prières : « Viens, viens à mon aide ! Je te recommande ma virginité, qui m’est plus chère que mon âme, que ma vie. En présence de mon cher Roland, me sera-t-elle donc ravie par ce voleur ? Donne-moi plutôt la mort de ta main, que de me laisser subir un sort si cruel. »

Ces paroles font revenir Roland, qui parcourt encore une ou deux fois chaque chambre, avec une nouvelle ardeur, et dont l’espoir allège la fatigue. Tantôt il s’arrête, croyant entendre une voix, qui ressemble à celle d’Angélique, réclamer son secours ; mais il ne sait d’où elle vient, car tandis qu’il est d’un côté, elle se fait entendre d’un autre.

Mais revenons à Roger que j’ai laissé dans un sentier ombreux et obscur, au moment où, après avoir suivi le géant et sa dame, il a débouché du bois-dans un grand pré. Il arriva à l’endroit où venait d’arriver Roland, si je reconnais bien le lieu. L’énorme géant disparut par la porte, et Roger, sans se lasser de le suivre, y entra après lui.

Dès qu’il a mis le pied sur le seuil, il regarde dans la grande cour et à travers les galeries. Il ne voit plus le géant ni sa dame, et c’est en vain qu’il tourne les yeux de tous côtés. En haut, en bas, il va et vient sans jamais rencontrer ce qu’il cherche. Il ne sait où le félon s’est caché avec la dame.

Après avoir passé quatre ou cinq fois en revue