Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/277

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suré par l’enchantement qui le rend invulnérable. Ainsi couvert, il poursuit sa recherche ; le jour, la nuit, la pluie, le soleil ne peuvent l’arrêter.

À l’heure où Phébus fait sortir de la mer ses chevaux au poil humide, où l’Aurore s’en vient parsemer tout le ciel de fleurs jaunes et vermeilles, où les étoiles abandonnant leurs chœurs nocturnes ont déjà disparu sous un voile, Roland, passant un jour près de Paris, donna une preuve éclatante de sa valeur.

Il se rencontra avec deux escadrons. Le premier était conduit par Manilard, Sarrasin aux cheveux blancs, roi de Noricie ; jadis fier et vaillant, et maintenant meilleur pour le conseil que pour le combat. L’autre suivait l’étendard du roi de Trémisène, tenu pour un chevalier accompli parmi les Africains. Ceux qui le connaissaient l’appelaient Alzird.

Ces gens, avec le reste de l’armée païenne, avaient séjourné pendant l’hiver, les uns plus près, les autres plus loin de Paris, logés tous dans les villas ou dans les châteaux environnants. Le roi Agramant, après avoir perdu de longs jours à essayer de prendre Paris, résolut de tenter un assaut final, puisqu’il ne pouvait pas s’en emparer autrement.

Pour cette entreprise, il disposait de troupes innombrables ; outre celles qui étaient venues avec lui et celles qui, d’Espagne, avaient suivi la royale bannière de Marsile, il avait à sa solde beaucoup de gens de France, car de Paris jusqu’au royaume