Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/278

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d’Arles, y compris une grande partie de la Gascogne — quelques forteresses exceptées — tout lui était soumis.

À peine les ruisseaux tremblants eurent-i]s commencé à fondre la glace sous leurs eaux tièdes, à peine les prés se furent-ils revêtus d’herbes nouvelles et les arbres de feuillage tendre, que le roi Agramant rassembla tous ceux qui suivaient sa fortune, pour réunir autour de lui son immense armée et donner à ses affaires une meilleure tournure.

À cet effet, le roi de Trémisène, ainsi que celui de Noricie, s’en allaient rejoindre en temps voulu le lieu indiqué pour passer en revue chaque troupe, et voir si elles étaient en bon ou mauvais état. Roland vint à les rencontrer par hasard, comme je vous ai dit, marchant tous les deux de compagnie. Quant à lui, il cherchait toujours, selon qu’il en avait pris l’habitude, celle qui le tenait sous les chaînes de l’amour.

Dès qu’Alzird vit s’approcher le comte qui n’avait pas son pareil au monde comme valeur, il lui parut à sa noble prestance, à son front superbe, l’égal du dieu des armes. Il resta stupéfait devant cette physionomie ouverte, ce fier regard, ce visage farouche. Il pensa qu’il avait affaire à un guerrier de haute vaillance, mais il eut trop de désir de l’éprouver.

Alzird était jeune et présomptueux, estimé pour sa force et son grand cœur. Il poussa son cheval en avant pour se mesurer avec le comte. Il eût