Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/284

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CHANT XIII


Argument. — Isabelle raconte à Roland ses malheurs. Surviennent les malandrins habitants de la caverne. Roland les tue tous, puis il part emmenant Isabelle. — Bradamante apprend de Mélisse que Roger est tombé au pouvoir du vieux magicien. Elle va pour le délivrer et reste prise dans son propre enchantement. — Digression élogieuse de Mélisse sur les femmes appartenant à la maison d’Este.



Ils étaient bien favorisés, les chevaliers qui vivaient à cette époque ! Dans les vallons, dans les cavernes obscures et les bois sauvages, au milieu des tanières, des serpents, des ours et des lions, ils trouvaient ce qu’on aurait peine à rencontrer aujourd’hui au sein des palais superbes, à savoir des dames à la fleur de l’âge et dignes d’être qualifiées du titre de belles.

Je vous ai raconté plus haut que Roland avait trouvé dans une grotte une damoiselle, et qu’il lui avait demandé par qui elle y avait été amenée. Poursuivant le récit de cette aventure, je vous dirai qu’après s’être plusieurs fois interrompue par ses propres sanglots, elle mit le comte au courant de ses infortunes, d’une voix douce et suave, et le plus brièvement qu’elle put.

« Bien que je sois certaine, chevalier — lui dit-elle — de porter la peine de ce que je vais te dire — car je pense que cette vieille s’empressera