Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/306

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champs de Ravenne, et toute celle qui s’enfuit, abandonnant les bannières d’Aragon, de Castille et de Navarre, après avoir éprouvé l’inutilité de ses épieux et de ses machines de guerre.

Cette victoire nous causa plus d’encouragement que d’allégresse ; car notre joie fut trop troublée par la mort du capitaine français, général en chef de l’armée, et par celle de tant de chefs illustres qui étaient passés de ce côté des froides Alpes, pour voler à la défense des États de leurs confédérés.

Notre salut, notre vie furent assurés par cette victoire, chacun le reconnaît, car elle arrêta les progrés de la tempête que Jupiter irrité déchaînait sur nous. Mais nous ne pûmes nous en réjouir, ni nous livrer à la moindre fête, en entendant les gémissements, les pleurs d’angoisses que les veuves en robes sombres répandaient par toute la France.

Il faut que le roi Louis envoie, à la tête de ses troupes, de nouveaux capitaines, lesquels, pour l’honneur des fleurs de lis d’or, châtieront les pillards et les brigands qui ont pillé les moines blancs, noirs ou gris, violé les épouses, les filles et les mères, et jeté à terre le Christ enfermé dans l’hostie consacrée, pour voler les ciboires d’argent.

Ô malheureuse Ravenne, il eût mieux valu pour toi ne pas résister au vainqueur et prendre exemple sur Brescia, toi qui avais servi d’exemple à Rimini et à Faenza. Que Louis envoie le vieux