Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/335

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pour la Normandie. Le Sarrasin fend ensuite en deux, depuis le front jusqu’à la poitrine, et de là jusqu’au ventre, le Mayençais Orger.

Il précipite du haut des créneaux dans le fossé, Andropon et Mosquin. Le premier est prêtre ; le second n’adore que le vin ; il en a plus d’une fois vidé un baquet d’une seule gorgée, fuyant l’eau comme si c’était du poison ou du sang de vipère. Il trouve la mort aux pieds des remparts, et ce qui l’ennuie le plus, c’est de se sentir mourir dans l’eau.

Rodomont taille en deux Louis de Provence, et perce de part en part Arnauld de Toulouse. Obert de Tours, Claude, Ugo et Denis exhalent leur vie avec leur sang. Près d’eux tombent Gauthier, Satallon, Odon et Ambalde, tous les quatre de Paris, et un grand nombre d’autres dont je ne saurais dire les noms et le pays.

Derrière Rodomont, la foule des Sarrasins applique les échelles et monte de toutes parts. Les Parisiens ne leur tiennent pas tête, tellement ils ont peu réussi dans leur première défense. Ils savent bien qu’il reste encore beaucoup à faire aux ennemis pour pénétrer plus loin, et que ceux-ci n’en viendront pas facilement à bout, car entre les remparts et la seconde enceinte s’étend un fossé horrible et profond.

Outre que les nôtres font une vigoureuse résistance au bas de ce fossé, et déploient une grande valeur, de nouveaux renforts qui se tenaient aux aguets derrière le rempart extérieur, entrent dans