Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/86

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que la prudente magicienne lui a données. Le magicien vient pour essayer son suprême enchantement, à l’effet duquel il ne croit pas que rien puisse s’opposer. Il découvre l’écu, certain de renverser son adversaire avec la lumière enchantée.

Il pouvait le découvrir tout d’abord sans amuser plus longtemps les chevaliers, mais il lui plaisait de voir fournir quelque beau coup de lance ou d’épée. Ainsi on voit le chat rusé s’amuser avec la souris tant que cela lui plaît ; puis, quand ce jeu vient à l’ennuyer, lui donner un coup de dent et finalement la tuer.

Je dis que, dans les précédentes batailles, le magicien avait ressemblé au chat el les autres à la souris ; mais la ressemblance ne demeura pas la même, quand la dame se présenta munie de l’anneau. Attentive, elle observait, autant qu’il était besoin pour que le magicien ne prît aucun avantage sur elle. Dès qu’elle vit qu’il découvrait l’écu, elle ferma les yeux et se laissa tomber à terre.

Non pas que l’éclat du brillant métal lui eût causé du mal, ainsi qu’il avait coutume de le faire aux autres ; mais elle agit ainsi pour que l’enchanteur descendît de cheval et s’approchât d’elle. Son désir ne fut pas trompé, car aussitôt que sa tête eut touché la terre, le cheval volant, accélérant son vol, vint se poser à terre en décrivant de larges cercles.

Le magicien laisse à l’arçon l’écu qu’il avait déjà remis sous sa couverture, et descend à pied vers la dame, qui attend, comme le loup dans le buisson, à