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d’Angers, de Fontevrault, de Saint-Pierre-aux-Nonains de Metz, de la Trinité de Caen, etc., l’abbaye de Saint-Georges fut pour la jeunesse féminine un foyer d’instruction et de lumières.

Adelle de Bretagne, on le sait, avait joint dès son jeune âge, à l’exercice et à la pratique de la piété, l’étude et le travail de l’intelligence ; l’acte de fondation de son abbaye la représente avancée dans cette double voie de perfection : « In sanctæ religionis operibus succrescere, necnon in monasticæ eruditionis disciplina ad profectum augmentari… »

Elle était d’ailleurs contemporaine de plusieurs femmes célèbres par leurs connaissances littéraires et scientifiques, et dont l’éducation avait été faite dans les cloîtres bénédictins. Il suffit de citer l’impératrice Agnès, femme d’Henri III le Noir, empereur d’Allemagne ; Ermengarde, duchesse de Lorraine ; Marguerite, reine d’Ecosse ; Ida, comtesse de Boulogne ; Helvide, mère du pape Léon IX ; Adèle et Cécile, qui fut abbesse de la Trinité, filles de Guillaume-le-Conquérant ; sainte Mathilde d’Anjou, abbesse de Fontevrault.

Adelle prolongea jusqu’à une vieillesse avancée ses jours pleins de bonnes œuvres et ses travaux bénis de Dieu. Elle mourut en 1067[1]. Le Nécrologe du monastère indique la date du 4 mars, « quarto Nonas Martii. » On a conservé son épitaphe, ainsi conçue :

Hoc Adela die sua solvit débita terræ ;
Cum génitrice Dei vivat per sœcula felix.

  1. Le P. Albert en conclut que la princesse Adelle gouverna l’abbaye de Saint-Georges pendant cinquante-neuf ans. Pour adopter ce calcul, il faudrait admettre que l’abbaye fut fondée dès l’an 1008. Or, rien n’est moins prouvé. Il y a toute raison de croire que cette fondation n’est pas antérieure à 1028 ou 1018 au plus tôt ; ce qui réduit la durée du gouvernement d’Adelle de Bretagne à quarante, ou tout au plus à cinquante années à peu près.