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et qui mourut en 1040, avait été le tuteur de Guillaume-Ie- Conquérant?

Passons maintenant à un autre objet mobilier de singulière valeur, comme monument provenant de l’abbaye de Saint- Georges. Je veux parler du magnifique Évangéliaire qui est aujourd’hui la propriété de M. le comte Henri de Kergariou, député d’Ille-et-Vilaine à l’Assemblée nationale. Ce beau volume est un des trésors de la bibliothèque du château de Bonaban, près Saint-Malo (commune de la Gouesnière).

C’est un rare et curieux manuscrit; il n’est certes pas postérieur au XIe siècle; je le croirais volontiers plus ancien. Aux yeux de paléographes très-compétents, il offre tous les caractères des IXe et Xe siècles dans les formes et l’aspect de l’écriture, dans les ornements des lettres capitales, dans le style de décoration des miniatures. La majuscule se compose de capitales romaines entremêlées de lettres onciales; la minuscule appartient au genre lombardique mêlé au type français, et parfois à l’écriture mixte anglo-saxonne. Les titres sont tous écrits en couleur, le plus souvent rouge, quelquefois associée au bleu ou au vert. Les lignes s’appuient sur des raies tracées à la pointe sèche; les Æ sont formés, tantôt d’un a et d’un e séparés, tantôt d’un e avec cédille ; les i ne sont pas pointés; les mots sont assez régulièrement séparés entre eux. Des lettres torneures, et formées d’entrelacements dans le goût roman, marquent le commencement de chaque Évangile. Il est à remarquer que l’or n’est pas employé une seule fois dans l’enluminure des sujets et des lettres.

Cinq miniatures ou vignettes coloriées illustrent le manuscrit. La première représente Dieu le Fils dans une auréole elliptique, — vesica piscis ; — la personnification divine est assise sur une espèce de roue ou de globe lumineux, les pieds posés sur un escabeau. Elle tient dans sa main droite étendue