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Page:La Bruyère - Les Caractères, t. 1, éd. Destailleur, 1854.djvu/106

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Caractères de Théophraste.

connus que par leurs vices, il semble que j’ai dû marquer les caractères des uns et des autres[1], et ne me pas contenter de peindre les Grecs en général, mais même de toucher ce qui est personnel, et ce que plusieurs d’entre eux paroissent avoir de plus familier. J’espère, mon cher Polyclès, que cet ouvrage sera utile à ceux qui viendront après nous : il leur tracera des modèles qu’ils pourront suivre ; il leur apprendra[2] à faire le discernement de ceux avec qui ils doivent lier quelque commerce, et dont l’émulation les portera à imiter leur sagesse et leurs vertus[3]. Ainsi je vais entrer en matière : c’est à vous de pénétrer dans mon sens, et d’examiner avec attention si la vérité se trouve dans mes paroles. Et, sans faire une plus longue préface, je parlerai d’abord de la dissimulation ; je définirai ce vice ; je dirai ce que c’est qu’un homme dissimulé, je décrirai ses mœurs ; et je traiterai ensuite des autres passions, suivant le projet que j’en ai fait.

  1. Théophraste avoit dessein de traiter de toutes les vertus et de tous les vices. (Note de La Bruyère.)
  2. Var. Il leur trace des modèles qu’ils peuvent suivre ; il leur apprend, dans les deux premières éditions.
  3. Var. Leurs vertus et leur sagesse, dans les sept premières éditions.